L’ouvrage de Véronique Paccou-Martellière et Thomas H. Hinterseer sur les « Arts et traditions de Sumba » (éditions Le Livre d’Art), évoque un regard, un monde spirituel et matériel, sur une culture qui fut très longtemps ignorée. Entre croyances, traditions et coutumes des Sumbanais, les auteurs, à travers des centaines d’objets sacrés et utilitaires, collectés durant ces vingt dernières années, nous présentent les témoins de cette complexité́ culturelle. Témoignages multiples d’une des 922 îles habitées de l’Indonésie et qui conserve encore de nos jours une partie de ces mystères.

arts-et-traditions-de-sumba_editions-le-livre-d-art_le-mot-et-la-chose_01

On apprend dans le livre que, d’une façon générale, la société Sumbanaise s’est construite autour de trois classes sociales : celle des nobles, enfants de la tortue-Lune et enfants du crocodile rouge (ana kara wulla, et ana woya rara), celle des hommes libres (tau kabisu) et celle des esclaves et serviteurs (ata). Ces lignées sont représentées par une maison ancestrale à laquelle se cloisonnent en descendance des segments familiaux. La tradition veut qu’à l’occasion de cérémonies de mariage ou de funérailles, le don, comme le suggère Marcel Mauss – généralement considéré comme le père de l’anthropologie française – soit basé sur l’obligation tacite de « donner, recevoir et rendre ». Au quotidien, les services rendus par chacun sont basés sur le même principe et ramenés à une économie sociale complexe, celle-ci peut dans certains cas contraindre la génération suivante pour répondre à ses engagements. Si donc, le pouvoir de l’homme se mesure aux biens qu’il possède, celle de l’épouse, se mesure sur sa fertilité mais aussi sur ses qualités de tisserande, lien entre la vie et la mort.

arts-et-traditions-de-sumba_editions-le-livre-d-art_le-mot-et-la-chose_02

La culture sumbanaise n’utilisait pas l’écriture et au fil des siècles son mythe de création (Kanuga) s’est transmis oralement par des chants, lors de cérémonies nocturnes. Ainsi, au début, il n’y avait rien, le « résident » du ciel, ni masculin ni féminin et les deux à la fois, créa la terre, ainsi que tous les éléments. Puis, huit couples (Marapu Mori), doués de paroles en huit langues distinctes ont vu le jour, puis envoyés sur terre ayant pour mission de se multiplier. Et l’un de ces couples prit possession d’un territoire sur l’île de Sumba. Dans leur vision du monde, les ancêtres existaient dans un monde parallèle et ressentis par les hommes comme omniprésent. Ainsi, la vie des hommes, leur statut social, leur richesse et leur bien-être, dépendent de la seule relation qu’ils entretiennent avec leurs ancêtres.

arts-et-traditions-de-sumba_editions-le-livre-d-art_le-mot-et-la-chose_03

Prières, sacrifices, offrandes de toutes sortes régissent alors cette relation harmonieuse entre les hommes et ces divinités.  Il n’est pas rare que la fusion réciproque entre les animaux et l’homme existe, de nombreux récits relatent l’esprit d’un défunt, occupant le corps d’un animal, où animaux, plantes, objets façonnés par la main de l’homme sont des véhicules susceptibles d’être habités par des esprits ou entités divines. De nombreux artefacts sacrés au pouvoir reconnu par l’ensemble de la communauté parcourent donc tous les âges de la vie, jusqu’au voyage du défunt vers l’au-delà.  Rites, objets et traditions sont autant de façons d’organiser le monde entre les vivants et les vivants, entre les hommes et les femmes, entre les morts et les vivants, entre les divinités et les hommes.

arts-et-traditions-de-sumba_editions-le-livre-d-art_le-mot-et-la-chose_04

Ce livre, précieux par l’obstination de leurs auteurs, est rare par la mémoire qu’il retrace sous forme d’un coffre du savoir ; vision d’un monde basée sur le dualisme, la symétrie et la complémentarité. Tout et chaque être est à la fois un et deux (ndewa et mawo) à l’image du Créateur. Chaque création, chaque symbole utilisé, chaque événement Aadonc son miroir comme reflet de l’au-delà, conçu comme une sphère parallèle à la vie. Et qui, porté à notre œil déformé par tant de visions factices de notre monde moderne, dévoile à notre esprit un monde premier par l’origine de nombreux documents relatifs à cette culture.

Mais, malheureusement, celle-ci n’a pas su garder intacte l’histoire mémorielle de sa destinée, ce qui sans doute préfigure la vision de notre monde en devenir ! Un livre à découvrir, à méditer sur ce qui reste des choses, de l’âme d’un peuple, de ses objets et coutumes.

Avec cette lancinante question qui se pose à nous, êtres qui avons survécu :

Que restera t-il de nos péchés, de notre civilisation mercantile, si les objets que nous avons créé n’ont plus d’utilité dès lors que la spiritualité n’y est plus attachée ?

Un autre monde, qui s’écroulera comme tant d’autres avant lui !

(« Arts et traditions de Sumba » de Véronique Paccou-Martellière et Thomas H. Hinterseer, éditions Le Livre d’art, 300 ill., sortie 2016, 200 pages, 40€)

tagged in a quoi sert l art, a quoi sert l'art, a quoi sert la beauté, à quoi sert la littérature, art primitif, art surréaliste, artiste contemporain, artistes contemporains les plus cotés, arts et traditions de sumba, arts et traditions sumba, beau livre, beau livre à offrir, beau livre à offrir noël, beau livre cadeau, beau livre cadeau noël, beau livre pas cher, beau livre rimbaud, Beaux livre, Beaux livres, beaux livres à offrir, beaux livres pas cher, cadeaux noel, chemin initiatique, codes du luxe, conso, contemporary art, contes et comptines, contes et comptines à écouter, contes initiatiques, contes moraux, contes philosophiques, créatures fantastiques, critique de livres, critique littéraire, critique livres, critique livres rentrée littéraire, dessinateurs contemporains, éditeur art, éditeur d'art, éditeur indépendant, éditeur livre d'art, éditeurs du patrimoine, éditeurs numériques, éditeurs parisiens, éditeurs rive gauche, editions le livre d'art, enfance, fiac 2016, grands éditeurs, grands textes du patrimoine de l'humanité, histoire fantastique, histoires fantastiques, les livres de la rentrée littéraire, les plus beaux livres d'art, littérature jeunesse, livre d'art, livre fantastique, livre jeunesse, livre le plus cher, livre parcours initiatique, livre philosophique, livres à succès, livres d'art, livres fantastique, livres jeunesse, livres les plus chers, livres philosophie, livres sagesse, livres spiritualité, luxe, luxe a la francaise, luxe durable, luxe paris, marc michiels, marché du luxe, monde de l'enfance, monde oriental, mondes fantastiques, nouveautés beaux livres, nouveautés livres, nouveautés livres d'art, nouveaux livres spiritualité, orient occident, papier de luxe, papiers de luxe, parcours initiatique, Paris, qu'est ce que l'art contemporain, récit d'apprentissage, récit de formation, récit de vie, récit existentialiste, récit fantastique, récit fiction, récit formateur, récit initiatique, récit surnaturel, rentrée littéraire, sculptures art contemporain, sculptures contemporaines, sortie beau livre, sortie librairie, sortie livres, sortie nouveaux livres, sortie nouveaux livres critique, sorties beaux livres, sumba, sumba art, thomas h hinterseer, thomas hinterseer, véronique paccou martellière