Minéral

Gustave Caillebotte (1848-1894) est issu d’une famille qui fit fortune dans la vente de draps aux armées de Napoléon III. Du drap à la toile du peintre, il n’y a qu’un pas… Après des études de droit, Caillebotte rejoint l’atelier académique de Léon Bonnat, puis intègre brièvement l’école des Beaux-arts de Paris. Etant à l’abri matériellement parlant, le jeune artiste se consacre alors à sa passion : la peinture.

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Il côtoie les acteurs du jeune mouvement impressionniste dans les années 1870. Rentier, n’ayant pas besoin de vendre ses toiles pour subsister, il s’implique dans le mouvement impressionniste en devenant collectionneur et mécène éclairé, et aide ses nombreux amis peintres à pouvoir s’exprimer en couleurs.

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Caillebotte s’émancipe de son savoir académique et peint sa ville natale : Paris… ses rues, ses ponts, ses petits artisans. L’apport du japonisme influence sa vision picturale et ose des angles de vue inhabituels, il peint ce qu’il voit au niveau de la rue, au niveau de son balcon et saisit « les peintres en bâtiment » (1877) qui sont au travail tout comme les « raboteurs de parquet » (1877), ses sujets s’imprègnent du quotidien sans misérabilisme. La ville minérale haussmannienne se découpe dans des perspectives infinies où tout n’est que surfaces géométriques lisses où l’artiste parsème des figures humaines. Le végétal se déploie peu à peu dans des compositions peintes de l’appartement de l’artiste.

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Mise au vert

A la belle saison, Caillebotte côtoie la campagne d’Yerres au sud-est de Paris et peint à présent d’après nature, non plus en atelier mais à l’extérieur, il produit des paysages de la campagne, des jardins et des loisirs nautiques. Dans le tableau « Périssoires sur l’Yerres » (1877), l’artiste représente une scène de canotage où un unique personnage y est représenté sous trois positions différentes (arrière-plan, plan d’ensemble et premier plan). L’œil de Caillebotte préfigure la séquence cinématographique qui arrivera à la fin du 19e siècle.

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Il pratique la voile, sport en vogue à cette époque, conçoit ses propres bateaux et participe à de nombreuses régates. On retrouve plusieurs de ses constructions sur de nombreuses toiles, telles « bateaux à voile à Argenteuil ». Il aime à saisir l’insaisissable sur la toile, à savoir le vent qui gonfle les voiles des fins vaisseaux, mais aussi le « linge séchant, petit Gennevilliers » par de longues touches fortes et fragmentées.

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Végétal

En 1881, Caillebotte fait construire sur un terrain en bord de Seine au petit Gennevilliers (en face d’Argenteuil) une importante maison et s’y installera définitivement en 1888. Il se passionne pour le jardinage, non pas comme admirateur mais comme concepteur de paysage, il endosse les habits du jardinier et plante des massifs de fleurs : rosiers, marguerites dahlias, tournesols, capucines,… et de fragiles orchidées dans une immense serre chauffée, un jardin potager lui permet de faire (et de voir) pousser ses futurs sujets picturaux.

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Non loin de là, en amont du fleuve, s’installe dans le même temps à Giverny son ami Claude Monet, qui partage avec lui la passion de l’horticulture. Les deux artistes conçoivent des œuvres en deux temps : ils plantent des végétaux, structurent les plantations tels des architectes concevant un plan, les plantes se développent dans le temps et l’espace. Dans un second temps on assiste à l’éclosion des fleurs, les artistes saisissent cet instant éphémère. Cette façon  de concevoir l’œuvre est complètement novatrice pour l’époque, on pourrait faire un parallèle avec le mouvement du land art qui utilise le cadre et les matériaux de la nature, le temps agit et fait disparaître les œuvres, seule la trace photographique demeure.

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Gustave Caillebotte est marqué par le japonisme au niveau de ses cadrages, mais aussi par le choix des couleurs. Il se focalise sur le motif, la fleur devient un sujet de composition, l’artiste abandonne le paysage et passe au portrait du végétal, des marguerites ou des glaïeuls constellent la toile comme une image zen qui invite à méditer sur la nature et sur l’homme. Monet reprit cette thématique dans sa série des « Nymphéas ».

Caillebotte disparaît prématurément à l’âge de 45 ans d’une congestion cérébrale en février 1894. Il restera un artiste emblématique et incontournable du mouvement impressionniste, qui a eu le talent de rendre l’ordinaire de la vie extraordinaire.

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Appel aux dons

Le Musée des impressionnismes Giverny désire faire l’acquisition de la dernière œuvre inachevée conçue par l’artiste, « Parterre de marguerites » (1892-1893), destinée à la salle à manger de Gustave Caillebotte au petit Gennevilliers. Un appel aux dons est lancé via le site de financement participatif KissKissBankBank (à partir de la somme de 5 euros) pour l’offrir à la collectivité. Sa valeur est de 360 000 euros. Le fonds d’acquisition du musée des Impressionnismes Giverny est de 130 000 euros. Plusieurs entreprises mécènes soutiennent le musée pour cette acquisition mais celui-ci a encore besoin de 20 000 euros pour boucler le budget. A vos clics, un peu, beaucoup, passionnément…

(« Caillebotte, peintre et jardinier », Musée des impressionnismes Giverny, du 25 mars au 3 juillet 2016, http://www.mdig.fr/ ; tous visuels © Stéphane Chemin)

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