Preuve qu’il y a une vie au-delà du formatage culturel, du marketing à ras-les-chaussettes et du conformisme prôné comme un des Beaux-arts. Parallèlement, des partenariats féconds se mettent en place entre gros diffuseurs. Une forme de synergie opératoire que l’on n’a pas forcément l’habitude d’apprécier au pays des étiquettes et des tiroirs(-caisses), le « chacun pour soi » ayant fait loi. Histoire de dire que, si la crise fait du mal, la secousse et l’entraide qu’elle provoque font un sacré bien au commerce des idées !

Carnets d’Avignon

Si la 67e édition du Festival d’Avignon s’est achevée le 26 juillet dernier sur une fréquentation record, il est désormais temps de revivre les meilleurs moments de cette manifestation en bande-dessinée ! Avec ses « Carnets d’Avignon », parus grâce à l’impulsion du couple Arte Editions/Actes Sud, François Olislaeger se livre à un exercice délicat : croquer la fièvre, le spectacle, l’éphémère, la polémique. Bref, une centaine de spectacles et cinquante débats en Avignon, de 2008 à 2012. Ce sont les dynamiques directeurs du Festival, Hortense Archambault et Vincent Baudriller, qui ont donné une carte blanche à l’auteur pour chroniquer en images l’évènement sur le blog officiel. Autant donner à un enfant la clé des champs !

"Carnets d’Avignon. Planches de 2008 à 2012 " de François Olislaeger, Arte Editions/Actes Sud

« Carnets d’Avignon. Planches de 2008 à 2012  » de François Olislaeger, Arte Editions/Actes Sud

Spontanément, le dessinateur y capte la matière et le corps, la pensée et son écho. Celui qui a été ouvreur à l’Opéra de Lyon durant ses études ne remplit pas que les blancs sur la feuille. Dans les « Carnets », François Olislaeger témoigne de ce qui fait défaut au spectacle une fois celui-ci clos : une mémoire. Défi casse-tête et jeu d’emboîtements qui tombent sous le sens. Des planches comme les perles d’un chapelet de détails qui s’égrènent au rythme du trait et du rêve, fragiles comme un récit, mais solides et honnêtes comme la pierre du cloître Saint-Louis. La représentation achevée, le dernier acteur retiré, les micros rangés, une parenthèse sur le théâtre ouvert de la vi(ll)e se referme. Reste le souvenir. Et le livre de François Olislaeger pour continuer le voyage en Avignon.

 

Portraits de Villes

Be-pôles, vous connaissez ?! Un studio graphique qui fonctionne comme un laboratoire créatif. Une ruche qui brasse spécialités et compétences pour déployer son offre dans des secteurs à valeur ajoutée. Depuis 2007, l’agence be-pôles a donc aussi décidé d’étendre son terrain de chasse à l’édition. Une première collection de livres photographiques baptisée « Portraits de Villes », une identité visuelle simple et forte, et une ville par carnet, capturée dans l’objectif d’un photographe au gré de caprices déambulatoires. Les portraits de villes sont à la mode, direz-vous ? Oui et non. D’abord, car comme disait Coco Chanel « la mode se démode », et que les villes sont bien là, imposantes et sublimes dans les petits paquets de vie qu’elles contiennent. Ensuite, puisque la ville change, se renouvelle sans cesse en se mettant au défi de sa propre modernité, les guides qui la peuplent s’en trouvent obsolètes très vite. Achetez n’importe quel agenda culture sur New York, Moscou ou Hong Kong le matin, il sera hasbeen le soir ! Ceci est valable pour les commerces, les cafés, les activités. Mais qu’en est-il des immeubles ? Du tissu urbain ? Du trafic routier ? De l’emplacement d’un parc ? Des toits de zinc de Paris ? Des sakuras de Tokyo ? De la Place de Mai à Buenos Aires ? Du brouillard et du ciel au-dessus d’une piscine à Reykjavik ? Voilà pourquoi la ville fascine : elle s’affiche tel un catalyseur de vie, un grand réservoir d’énergies pour le résident ou le voyageur. La traverser, c’est l’appréhender.

Collection « Portraits de Villes », Editions be-pôles

Collection « Portraits de Villes », Editions be-pôles

En remettant au goût du jour le format carnet, scrapbook que les aventuriers-dessinateurs emportaient jadis dans leurs valises pour croquer l’ailleurs, be-pôles se positionne sur un secteur à fort potentiel. Soit le livre comme un objet que l’on se plaît à toucher, à collectionner. Le principe est séduisant, l’œil satisfait un plaisir d’esthète. Chaque portrait photographique de la collection comporte 64 pages, est tiré à 1000 exemplaires pour 18 € pièce, et distribué dans de belles librairies, concept-stores, musées et galeries triés sur le volet. Une stratégie cohérente et une offre croisée de la part de ces hauts points culturels disséminés dans la ville, un peu partout en France et dans le monde. Répétez-le autour de vous, la meilleure manière de créer un lien, c’est de le partager.