Plus de 40 ans ont passé, et voici Orbs, l’autre planète qui ressuscite cet ineffable et nécessaire esprit d’avant-garde. Portée par la vision de son fondateur et rédacteur en chef, Charles-Maxence Layet, la revue Orbs offre une tribune ouverte aux pionniers contemporains du monde venus d’horizons pluridisciplinaires, et œuvre à la réconciliation entre civilisations et systèmes de croyances. Avec la force unique que donne la passion de l’Ailleurs, dopée à la curiosité exigeante de l’œuvre humaine (visible et invisible), Charles-Maxence Layet propulse Orbs sur l’orbite d’un futur qui chante déjà… Interview.
Le Mot et la Chose : Comment l’aventure Orbs a-t-elle débuté ?
Charles-Maxence Layet : Je ne connaissais pas du tout la revuePlanète ! Je l’ai découverte par hasard en 2004 chez un bouquiniste en Bretagne. Là, oubliés et couverts de poussière, je sors trois gros volumes carrés. J’en ouvre un rapidement et tombe sur un reportage consacré aux yogis indiens, et page suivante un article sur les accélérateurs du CERN en Suisse. Ce fut un choc, une vraie révélation pour moi. J’ai réalisé l’impact médiatique fort de la cohabitation, sur un même support, d’autant de matériaux culturels et scientifiques disparates, apparemment isolés, mais formant, une fois associés, une tranche exploratoire supérieure des pistes avant-gardistes de la société à un instant T. Mon intuition m’a poussé à attendre le moment opportun pour me lancer dans cette belle aventure avec la force d’une vraie conviction. Mais une étude de marché, en posant les fondations rationnelles du projet, a ultérieurement permis de la concrétiser efficacement.
MC : Vous êtes par ailleurs journaliste et auteur scientifique. Pourquoi avoir fait le choix d’une « revue », qui peut se voir comme l’aristocratie du magazine papier ?
CML : C’est vrai, je viens du journalisme internet, donc numérique, et je mesure parfaitement la richesse intrinsèque à cette formidable « toile » d’informations. Aucunes de mes enquêtes jusqu’ici n’auraient pu avoir lieu sans internet ! Grâce au web, je peux accéder à des ouvrages rares parce qu’ils sont numérisés, je peux dialoguer avec des gens coincés dans des pays où il faut attendre trois mois pour avoir un visa, etc. Mais, paradoxe de la chose, nous vivons une saturation d’informations, une overdose de documentations dans laquelle l’essentiel, ou à tout le moins le plus signifiant, peut passer complètement inaperçu. Par ailleurs, il y a une vraie concurrence – d’ailleurs perdue d’avance – entre le papier et le numérique. Courir après l’info exige l’instantanéité, donc le web. Quant au papier, il ne lui reste que le chemin de retrouver un destin de profondeur. Alors autant changer tout de suite de référentiel. Et c’est ce pari noble de la culture « durable » que j’ai fait pour Orbs ! Cela même si un site internet vient, bien sûr, en support de l’objet « revue » soutenu par des centaines de libraires passionnés.
MC : Financer un projet aussi culturellement ambitieux n’a-t-il pas été un premier acte de bravoure, voire carrément de foi ?
CML : Évidemment ! Le premier capital a été celui de la « love money ». Je suis parti de l’hypothèse qu »il est parfaitement possible de faire une revue économiquement équilibrée, même avec des options aussi radicales que le « zéro pub » ! Autre credo majeur : la faire imprimer en France avec des encres végétales et sur papier respectueux de l’environnement. Notre but était de proposer aux lecteurs une revue exemplaire. Non pas dans une démarche de marketing vertueux, mais d’authentique respect de notre lectorat. Peut-on résumer cela par le mot « intégrité » ? J’aime assez. Orbs est aux antipodes du media jetable, une stratégie délétère complètement opposée aux medias « libres ». Si Orbs perdure, et se développe, ce ne sera dû qu’à la fidélité de ses lecteurs, qui simplement en la lisant, la plébiscitent. Cela n’a plus rien à voir avec les calculs comptables d’un magazine obnubilé par les résultats de son agence de pub, du nombre d’annonceurs par numéro. Et tant pis pour la qualité de son contenu, dont on ne sait d’ailleurs plus très bien si on lit un article documenté, ou un publi-rédactionnel manipulateur !!
MC : Quel contenu la revue Orbs propose-t-elle ? Quelles informations originales et qualitatives se trouvent derrière ces 4 lettres ?
CML : Orbs, l’autre planète, c’est beaucoup de choses ! C’est de la Science, c’est de l’Art. Mais, c’est aussi une relation aux mondes invisibles et aux peuples « racines » comme nous pourrions préciser dans un souci de justesse historique. Orbs transporte une vision ternaire. Elle est transversale, par sa volonté de balayer le plus large spectre d’un sujet donné. Elle est pluridisciplinaire, par la variété étonnante des thématiques abordées. Enfin, elle est humaniste, dans sa volonté d’honorer l’esprit tutélaire de la revue des années 1960 (d’où le format carré repris de cette époque), et aussi de par la personnalité assumée de notre propre empreinte éditoriale. Orbs fait la part belle à de longs reportages approfondis et superbement illustrés, œuvres captivantes d’écrivains-journalistes, qui nous livrent autant le fruit de leurs expériences que de leurs enquêtes sur tous les continents. Recherches d’avant-garde, arts sacrés, littératures d’ici et d’ailleurs, changements de paradigmes, technologies extraordinaires… Orbs se construit autant avec la rigueur et la précision des scientifiques, de chercheurs visionnaires et inspirés, qu’avec l’âme d’artistes lumineux à portée universelle, ou le cœur d’humanistes libérés de tout dogme. Il s’agit de faire un travail de « juste mémoire » avec, autant que faire se peut, la source elle-même en signature de son propre article. Résultat pour le lecteur : une expérience la plus directe possible. Et, afin de servir une si noble ambition, j’ai absolument tenu à obtenir un rendu immersif, avec des enquêtes en pleine page. Finalement, proposer une expérience esthétique où le lecteur plonge dans le contenu, comme dans un paysage, est le défi permanent de la revue Orbs.
Orbs, revue de culture, petite musique des sphères, symphonie planétaire d’hommes et de femmes de tous horizons, pourtant accordés au diapason d’une même force centrifuge, celle d’une foi incoercible en l’avenir et en l’être humain. Orbs, une boîte à musique carrée où tourne bien rond la mélodie de nos consciences…
Sommaire Orbs, l’autre planète #1, Un Fil d’Or
Consacre plusieurs textes à la nouvelle donne économique : la biodiversité des monnaies promue par Bernard Lietaer, les racines de l’économie écologique semée avec les années 1970, et le point de vue du Prix Nobel de la Paix Muhammad Yunus sur la micro-finance et sa part d’influence sur l’épanouissement humain.
Mais contient aussi :
– un grand récit du journaliste et pianiste Erik Pigani, sur l’expérience de mort imminente ;
– les transmutations biologiques appliquées à la pollution radioactive par le physicien et spécialiste ès fusion froide Jean-Paul Biberian ;
– la rencontre des tisserandes de l’Atelier de la Martinerie avec la journaliste et réalisatrice Michèle Decoust ;
– l’histoire de la Terre vue de l’espace par l’écrivain économiste Jean-Pierre Goux ;
– l’abécédaire de la langue des oiseaux par Patrick Burensteinas ;
– les bonnes feuilles de l’Envolée belle, un roman fantastique de la française Mylène Mouton ;
– une galerie consacrée au plasticien algérien Rachid Koraïchi, dont les paroles rendent hommage aux poètes et mystiques de l’Islam ;
– l’allégorie de la Caverne de Platon, la découverte des lois mathématiques régissant la géométrie des fleurs, les repérages de l’autre Planète…
Agenda Orbs
Emmanuel Hussenet dont le voyage vers Hans, Insula Universalis est à découvrir dans le prochain numéro de la revue.
(« Orbs, l’autre Planète » #1, Un Fil d’Or. 192 pages. 22 €. Imprimé en France, avec des encres végétales, sur du papier issu de forêts gérées durablement. Orbs est publié par Le Capital Humain Editions. Sommaire, Librairies et Vente en ligne : www.orbs.fr)