Après une exploration des archives de Christian Dior, d’Yves Saint-Laurent, de Marc Bohan et de Gianfranco Ferré, l’aventure stylistique poursuit sa course de comète avec John Galliano chez Dior. Et quelle aventure ! En quatorze années parmi les plus riches de la griffe, de 1997 à 2011, le grand couturier britannique redéfinira pour la postérité les contours du style Dior, autant qu’une certaine idée de la mode, de la représenter, d’en jouer, et de la porter. Quatorze ans à marquer d’une pierre blanche, jalonnés de coups de génie, de coups de maître, comme autant de coups de folie éclatants. De défilés pharaoniques en collections dantesques, des collections de prêt-à-porter aux semaines de la Haute-Couture parisienne, les visions de Galliano s’épanouiront sous le feu des spotlights pour s’évanouir dans un froissement de satin. Ce qu’il en reste ? Une impression de grâce, indélébile. Et des robes. Des robes conçues telles des sculptures parmi les plus parfaites qui soient sorties des ateliers Dior.

Né à Gibraltar le 28 novembre 1960 dans un milieu des plus pauvres, fils unique (il a deux sœurs aînées) d’un plombier Anglais d’origine italienne et d’une espagnole parlant et respirant le flamenco, Juan Galliano entre en 1981 à Central Saint Martins, à Londres. Il y restera trois ans. 1984 est l’année de son défilé de fin d’études, inspiré de la France révolutionnaire et de Terreur dans sa période post 1789. Une période qui l’obsède (parmi beaucoup d’autres) et qu’il remettra en scène, cette fois, à grande échelle, pour la collection Dior Haute-Couture Printemps-Eté 2005. Pour Galliano, les années 1980 seront les années de formation de l’artisan qu’il va devenir. Il travaille ainsi comme habilleur au National Theatre, apprenant l’art du costume, et le pouvoir qu’il peut créer sur une audience : celui de l’illusion. C’est un fait bien connu : John Galliano pour Dior était un perfectionniste. Aux yeux de ses équipes, c’était même un dieu ! Admiratifs de sa connaissance artisanale du vêtement, à côté de son énergie créatrice inspirée d’en haut, il poussa donc ces collaborateurs dévoués jusqu’au paroxysme de leur art. Et lui-même, jusqu’à l’incandescence.

Dior et moi

Qui peut dire de quoi hier a été fait ? A la justesse de cette question, la réponse la plus censée est sûrement : personne. Car nul n’a vécu, ni vu le passé. Dès lors, toute recréation est avant tout une création, et l’imagination comble les blancs d’une histoire à trous, parfois la trahissant, parfois la rehaussant. A ce titre, aucun autre créateur avant ou depuis John Galliano, n’aura autant compris, et pris à bras-le-corps, le poids du passé de Dior. Si Christian Dior aura été, durant sa brève existence, une étoile filante au ciel parisien de la mode, son héritier John Galliano aura lui été une supernova ! Sous son impulsion omnisciente, chaque saison racontera une histoire, et chaque histoire sera comme une petite galaxie, traversée de nébuleuses ou d’astres au firmament…

Adepte de la coupe en biais (coupe pour laquelle Dior deviendra la référence dans ces années-là), Galliano sublime le corps de la femme en la faisant littéralement être une gravure de mode. Apparaît alors une silhouette Dior qu’on ne connaissait pas, mais que l’on reconnaît instantanément. Le Dior d’avant Christian. Le Dior de la Belle Epoque. Le Dior de la Révolution. Le Dior des Incas et des Egyptiens. Le Dior des anges déchus et du Moyen-âge. Le Dior de Madame Butterfly. Le Dior des clochards et des favelas. Un Dior fantasmé, qui n’existe pas, qui n’a peut-être jamais existé, mais qui vivra pour toujours hors du temps et des cultures dans un inconscient collectif symbolique fait de quelques grammes de tulle et de rêve. Plus qu’aucun autre n’a su le faire, John Galliano s’est approprié Dior comme on enfile un vêtement. Du cousu-main ! Son point d’orgue, les saisons 2007-2008, annoncera aussi la fin.

Commissaire au Costume Institute du Metropolitan Museum of Art, à New York, Andrew Bolton a été à l’initiative d’expositions parmi les plus visitées du Met. Son texte éclairant révèle les différentes périodes de l’ouvrage, des débuts tonitruants aux ultimes collections traversées de fulgurances.

Sublimé par les photographies originales de Laziz Hamani (déjà responsable de l’iconographie des quatre précédents opus et collaborateur de longue date pour Assouline), l’ouvrage aligne plus de 300 illustrations, dont des clichés de mode et photoshoots signés Steven Meisel, Annie Leibovitz, Irving Penn, Paolo Roversi. Une iconographie foisonnante à la hauteur du génie créatif du grand John Galliano. Et un témoignage livresque et artistique à l’importance d’autant plus historique que, la marque Dior, à travers ses deux directeurs artistiques suivants et à l’aune de la dernière décennie, opérera un virage à 180 degrés, tant dans le fond que dans la forme. Mais, cela est une autre histoire…

En résumé, « Dior par John Galliano » est le beau livre dont tout le monde attendait la parution chez Assouline. Une somme à la (dé)mesure de l’inspiration du couturier qui incarne à ce jour, aux côtés de Christian Dior lui-même, l’âme véritable de la maison Dior.

(« Dior par John Galliano », éditions Assouline, texte Andrew Bolton, photographies Laziz Hamani, 300 ill., sortie février 2022, 448 pages, 195€ ; tous visuels reproduits avec l’aimable autorisation de l’éditeur)

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