L’ambition est grande et encore peu représentée : (re)découvrir 100 ans (1913-2013) d’art optique à travers le prisme de la lumière. Une notion abstraite qui n’intéresse que quelques galeristes et de rares collectionneurs, me direz-vous ? Bien au contraire.

Dynamo au Grand Palais

Dynamo au Grand Palais

Si l’op art, ou art optique, explose dans les années 1960 du derme contestataire de six artistes du collectif GRAV (Groupe de recherche d’art visuel), essaimant ensuite de New York à Londres sous l’impulsion radicale de quelques-uns (Bridget Riley…), son apport graphique à la mode, au design, à la photo, ainsi qu’à nos modes de consommation actuels ira crescendo. Jusqu’à envahir ce que nous percevons, ou croyons percevoir du réel. Passées sur le billot de l’« art perceptuel » à l’art optique, puis cinétique, les œuvres exposées dans « Dynamo » nous apparaissent comme de lumineux témoins tangibles de nos existences virtuelles, nous qui ne nous contentons plus d’un dessin 2D dans un catalogue mais avons, par la magie d’Internet et l’instantanéité des communications, accès désormais à une myriade d’explications et de vidéos sur une œuvre en particulier. Jules Verne ou H.G. Wells, ces grands visionnaires taxés d’imaginatifs car coupables d’avoir eu raison trop tôt, nous contemplent depuis les nimbes…

Felice Varini "23 disques évidés"

Felice Varini « 23 disques évidés »

omme le remarque le théoricien austro-hongrois, commissaire d’exposition et spécialiste de l’art optique et cinétique, Frank Popper, faisant suite à son essai « Ecrire sur l’art : de l’art optique à l’art virtuel » (Editions l’Harmattan, 2007) : « Pendant une longue période, j’étais satisfait de considérer le côté esthétique d’un simple triangle. L’artiste, son travail et le spectateur pouvaient développer à loisir les concepts enchevêtrés du processus créatif en lien avec une immersion active. Mais je dois dire que le côté éphémère d’un bon nombre de créations électroniques me trouble plus. » Ironie de la modernité où l’art, quand il s’accepte et s’énonce comme tel, se voit relégué au second plan…

Xavier Veilan "Les mobiles du Grand Palais"

Xavier Veilan « Les mobiles du Grand Palais »

De Victor Vasarely à Carlos Cruz-Diez, de Jésus-Rafael Soto à François Morellet, Xavier Veilhan, Yayoi Kusama, Marcel Duchamp,Anish Kapoor, ce sont près de 150 artistes dont les travaux et recherches brossent un panoptique constitutif de l’art cinétique et optique de nos 100 dernières années. A ce titre, « Dynamo » opère comme une machine à remonter le temps. La progression du visiteur dans l’expo partant vers une chronologie inversée, à rebours de notre époque contemporaine vers les origines du  » courant  » artistique.  Accueilli, dès le premier « sas » à ciel ouvert, par une « sculpture » de brume signée Fujiko Nagaya, puis récupéré à la fin de son parcours par les précurseurs du genre, le badaud éclairé ne peut que s’enticher du présent pour se représenter le (son) passé, bastonné de lumières clignotantes et électrisé de toutes parts, avant la délivrance et la grâce des « Boucliers » (1944) ou des « Trois Soleils jaunes » (1955) de Calder…

Hans Haacke "Blaues Segel"

Hans Haacke « Blaues Segel »