Picasso s’installe à Paris à partir de 1904, non pour des raisons politiques, mais il sait que c’est dans la capitale française que bat le cœur du monde de l’art et se doit d’y être. Il deviendra très vite l’artiste incontournable et révolutionnaire en fondant, avec Georges Braque, le mouvement cubiste où il décompose l’image en nombreuses facettes et multiplie donc les points de vue. Il accompagne le mouvement surréaliste dans les années 1920 et se rend régulièrement en Espagne jusqu’au début de la guerre civile espagnole, qui éclate en 1936.

Le 26 avril 1937, le général Franco, qui représente les nationalistes espagnols, ordonne le bombardement de la ville basque espagnole de Guernica par l’aviation allemande nazie et l’aviation italienne fasciste, de nombreux civils sans défense périssent sous les bombes… Picasso est touché au plus profond de lui, se sent meurtri et se lance, dès le 1er mai 1937, dans la création de son œuvre la plus célèbre : « Guernica ». Il la brandira tel « un instrument de guerre, offensif et défensif contre l’ennemi ». Son œuvre monumentale représente, sous la forme d’un retable monumental, le peuple espagnol anéanti peint en noir et blanc. Un choc visuel, exposé la même année au pavillon espagnol de l’exposition internationale à Paris, qui voyagera jusqu’en 1939 ainsi que dans les années 1950 à travers le monde pour dénoncer le totalitarisme en train de submerger la planète. La toile a désormais acquis une portée politique internationale et symbolise l’engagement de Picasso face à la guerre. Conservée au Musée de la reine Sofia à Madrid, l’œuvre n’a pu venir jusqu’à Toulouse, mais l’on peut découvrir dans cette immense exposition une grande partie des dessins et esquisses préparatoires.

Après trois années de guerre civile, 500 000 républicains espagnols traversent la frontière franco-espagnole en 1939 et terminent principalement dans des camps de réfugiés en Occitanie : Toulouse est alors devenue la capitale de l’exil espagnol de la Retirada. Picasso ne veut plus mettre les pieds dans son pays natal tant que Franco est au pouvoir et devient à son tour un exilé politique.

L’exposition qui se tient aux Abattoirs est d’une grande densité, Picasso y fédère la résistance artistique. Pendant la période de l’exode, son œuvre politique se construit, mais aussi chez les différents artistes qui ont fuit la dictature. L’exposition traite à l’origine comment la vie et l’œuvre de Picasso ont été marquées par la guerre civile, mais surtout de l’instauration d’un pouvoir totalitaire qui a détruit la République. Autour de Picasso, une quarantaine d’artistes de l’exil espagnol et une vingtaine d’artistes contemporains traitent des questions de paix et d’exil.

Picasso soutient les exilés espagnols, en particulier les artistes, une fraternité s’installe, on les retrouve, ces créateurs, le long de l’exposition : Joan Miro, Julio Gonzales, Hans Hartung, Manuel Ortiz,… des expositions militantes en lutte contre Franco s’organisent dans l’après-Seconde guerre mondiale et circulent à travers l’Europe qui est à reconstruire. En 1957, Picasso peint « « Les Ménines » et honore Vélasquez et l’art espagnol. Il n’a plus accès à l’œuvre originale depuis que son pays n’est plus une démocratie, il n’en garde que des souvenirs et des reproductions, il réinterprète le tableau à sa façon comme un outrage et comme un hommage.

L’Histoire occupe une place importante à travers cette exposition. Toulouse est le lieu centrale de la Retirada et se mêle à l’Histoire internationale, celle de Picasso s’y mêle à celle de l’Espagne, mettant l’artiste en rapport avec son contexte historique, qui invite le visiteur à s’interroger sur ce moment précis de l’Histoire, mais aussi à se questionner sur aujourd’hui, et surtout sur demain. L’exil est un choix que l’on fait non par plaisir mais dans l’espoir de survivre, c’est avant tout une souffrance de quitter son pays, sa famille, ses amis, que ferions-nous en cas de guerre, ou en cas de futurs changements climatiques destructeurs ?

Une vingtaine d’artistes contemporains se sont imprégnés du message de liberté de Picasso, s’attaquant parfois frontalement au thème de l’exil aujourd’hui. L’américain Robert Longo présente un grand dessin de « Guernica » avec des barres verticales noires, quant à Damien Deroubaix il reproduit « Guernica » en bois gravé… L’œuvre de Picasso est devenue une icône qui a le rôle d’un étendard que l’on rejoint pour résister. L’artiste et poète humaniste Serge Pey, fils de républicain espagnol, assemble des objets du quotidien qu’il met en scène avec des visages anonymes imprimés en noir et blanc tels des fantômes, il lance un appel aux descendants de l’exil afin d’apporter un souvenir de leur parents. Pour lui le passé se répète, comme une boucle du temps : « aujourd’hui nous avons pleins d’exilés, ceux qui traversent la mer, ce sont les mêmes exilés qui fuient la guerre ».

Serge Pey

Nissrine Seffar travaille depuis plusieurs années autour de l’empreinte du sol ou des endroits où s’est produit une guerre civile, elle montre ici un travail autour de la Retirada dans les camps de Rivesaltes.

Nissrine Seffar

La jeune génération contemporaine espagnole ou d’Amérique latine est marquée par l’engagement. Dans la vidéo « Sweet dreams », Carlos Aires met en scène un couple de policiers casqués et équipés de matraques en train de danser un tango lascif dans un décor baroque, la musique « sweet dreams » du groupe Eurythmics semble adoucir les mœurs ainsi qu’anéantir toute violence.

Il faut chercher un peu mais Franco est bien présent dans l’exposition, il se tient dans un recoin du musée presque face au rideau de scène « La dépouille du Minotaure en costume d’Arlequins » de Picasso ! Il a été rangé dans un réfrigérateur aux couleurs de la marque Coca-Cola, une association cynique entre capitalisme libéral et idéologie totalitaire… « Always Franco » est une sculpture en silicone d’Eugenio Merino qui nous rappelle que les idées fascistes sont bien conservées au frais et qu’à tout moment elles peuvent quitter les coulisses pour remonter sur la scène.

Eugenio Merino

Cette exposition toulousaine nous rappelle encore que l’art ne peut rien faire face à la barbarie humaine, juste qu’il peut armer les consciences.

(« Picasso et l’exil. Une histoire de l’art espagnol en résistance », Les Abattoirs / Musée – FRAC Occitanie Toulouse, du 15 mars au 25 août 2019, http://www.lesabattoirs.org/ ; tous visuels photos © Stéphane Chemin)

Carlos Aires – Pablo España du collectif « Democracia » – Eugenio Merino

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