Née il y a 27 ans du besoin de transmettre une empreinte culturelle forte, comme du désir d’unir les pôles Recherche, Art et Création depuis la région unique des Pays de la Loire, la Revue 303 s’anime d’un souffle explorateur prêt à nous remettre les boussoles à l’air ! De superbe facture, forçant l’exigence dans la richesse des thèmes abordés, voici un cabinet de curiosités éditoriales qui lorgne ses utilités du côté de l’Indispensable, et ses hommages proches du Nécessaire. En effet, la politesse intellectuelle n’a pas d’heurts, et l’équipe à la barre de la Revue 303 connaît son alphabet sur le bout des lettres en exhibant la partie le plus charnue de son anatomie : l’esprit. Mi livre d’art, mi catalogue d’expo, cet hybride iconoclaste publie quatre trimestriels d’une centaine de pages et un hors-série de 250 pages par an.

Puisant une inspiration gourmande et bestiaire au sein des références identitaires phares de la région Loire vineuse, riche d’Histoire et profuse en cépées, sa ligne éditoriale étend ses serments de la mode à l’architecture, des Arts outsider jusqu’à la linguistique, en passant par le sport, le voyage, les légendes arthuriennes, Jacques Demy et le patrimoine littéraire de (g)Loire, avec Gracq et Verlaine en témoins. Un slalom tiré par les épingles à cheveux qui valut à la Revue 303 d’être distingué par le prix Vasari de la revue d’art (1991), et le prix Caméra CNRS UNESCO de la meilleure publication culturelle (1999). Par exemple, et finir d’emporter l’adhésion, sachez qu’à l’altier format de 225×300, pour le modeste écot de 18 €, le trimestriel du mois d’avril, collectif réalisé sous la direction de Marc-Edouard Gautier, est consacré au patrimoine linguistique.

revue 303

Revue 303

L’oeuvre de Geoffroy Tory obombre leurs travaux. Partant des graphies médiévales et des dictionnaires bénédictins épais comme des bottins gourmets, pour parvenir aux affinités électives qu’entretiennent les vocables du vin avec la grande Tradition vendangeuse des vignobles du Val de Loire, c’est pléthore de savoir et somme d’informations précieuses tels des grains de sénevé tombés de la bouche du Prosélyte. On oubliait : la Revue 303 est disponible par abonnement sur son site, en librairie ou (bonne) maison de la presse. Et pour ceux qui s’étonnent qu’une si puissante initiative ne soit pas issue du syndicat des cerveaux exclusivement si fertiles parisiens, je laisserai Jean Dubuffet proclamer :

« L’art ne vient pas se coucher dans les lits qu’on a faits pour lui. » Et toc !

(« Revue 303 : Arts, Recherches, Créations » http://revue303.com/)