Shakespeare à Venise : Le Marchand de Venise et Othello illustrés par la Renaissance vénitienne, Diane de Selliers Editeur, 720 pages, 285€ jusqu’au 31 janvier 2018, 330€ ensuite
Diane de Selliers nous enthousiasme à chaque nouveauté. Son parcours généreux est fait de passion et de persévérance, au service de l’édition d’art à la française depuis 25 ans. « Shakespeare à Venise : Le Marchand de Venise et Othello » illustrés par la Renaissance vénitienne emporte le lecteur dans une ode à la littérature. Un tourbillon où la magie du théâtre côtoie la beauté de la peinture dans un dialogue renouvelé. Cette somptueuse publication bilingue de « Shakespeare à Venise » n’est pas qu’un beau livre, c’est aussi un océan d’érudition ! Au faussement juvénile « Marchand de Venise », répond l’âcre maturité d’« Othello ».
250 peintures de la Renaissance vénitienne illustrent « Shakespeare à Venise ». Des chefs-d’œuvre fidèlement reproduits du Titien, Tintoret, Véronèse, Giorgione, Carpaccio, les frères Bellini, voisinent avec des artistes moins connus de l’Âge d’Or, du milieu du 15e siècle au début du 17e siècle, dans une sélection exigeante et riche dont les fonds, pour la plupart, proviennent des églises et des palais de Venise. « Shakespeare à Venise : Le Marchand de Venise et Othello » est une luxueuse édition ultime, et le plus bel hommage aux lettres vénitiennes du Barde !
L’Apocalypse de saint Jean illustrée par la tapisserie d’Angers, Diane de Selliers Editeur, 408 pages, 65€
Chaque année, Diane de Selliers ressort, en format pratique et avec un tarif réduit, dans « La petite collection », l’un de ses succès de librairie précédemment parus. Le texte intégral de « L’Apocalypse de saint Jean » illustrée par la tapisserie d’Angers est cette fois publié en un volume broché pratique. « L’Apocalypse de saint Jean », c’est avant tout le récit d’un état mystique, à la portée symbolique, poétique et historique sans réel équivalent dans le monde occidental. L’éveil spirituel eschatologique sur lequel s’appuie l’histoire de « L’Apocalypse » continuera à faire couler beaucoup d’encre au fil du temps. Cette édition restaure les bornes mais garde le mystère. A l’échelle philosophique, les « visions » de l’apôtre et évangéliste saint Jean, rejoignent les préoccupations éternelles du genre humain. Grand livre de « science-fiction » de l’ère chrétienne à venir, « L’Apocalypse de saint Jean » encercle les thèmes d’une mythologie hallucinée. Le conteur s’y fait prophète, son lecteur s’y fait témoin choisi d’une vérité « révélée » pour édifier les populations.
La dimension d’un tel classique est révélée par l’historienne de l’art spécialiste de l’art chrétien médiéval, Paule Amblard. Dans son introduction et ses commentaires, elle éclaire le contexte religieux de l’œuvre grâce à de nombreuses citations tirées de la Bible, mais encore extraites du Coran et d’autres sagesses à vocation non canoniques…Un éclairement essentiel dans la quête d’approche transversale de l’ouvrage.
Le décor de « L’Apocalypse de saint Jean » choisi pour cette édition illustrée s’ouvre sur les 90 panneaux de la tapisserie d’Angers : la plus grande tenture médiévale jamais réalisée. Elaborées au 14e siècle et attribuées à Hennequin de Bruges, les 90 scènes de l’ensemble d’Angers constituent un témoignage muet saisissant. Les éditions Diane de Selliers ont choisi de restituer l’envers de la tapisserie, qui a conservé les couleurs flamboyantes de sa création. 27 miniatures de manuscrits compensent les fragments perdus de l’œuvre tissée initiale. En résumé, « L’Apocalypse de saint Jean » illustrée par la tapisserie d’Angers est un voyage littéraire et visuel étonnant, qui procurera au lecteur maints émerveillements éveillés.
Contes, Citadelles & Mazenod, 4 livres reliés de 192 pages chacun et 1 livret introductif de 64 pages, 330€
Les éditions Citadelles & Mazenod viennent de publier l’un des plus beaux livres du moment, pour toute la famille : les « Contes » illustrés du patrimoine mondial. Soixante contes universels et populaires réunis en 4 volumes reliés sous coffret de luxe : les contes de Perrault, des frères Grimm, d’Andersen, et ceux d’ailleurs. Ce sont les contes de Scandinavie, de Russie, de Perse, d’Inde, des Balkans, du Japon, etc.
Cette parution nouvelle est encore un hommage aux riches heures des livres d’étrennes, à travers le pinceau et les couleurs de cinq des plus fameux illustrateurs du genre au début du 20e siècle : Harry Clarke, Edmond Dulac, Warwick Goble, Kay Nielsen, Arthur Rackham. Une parution qui a aussi un intérêt artistique et bibliophile, car les 230 œuvres qui ornent le coffret ont été sélectionnées dans les prestigieuses collections de la Bibliothèque de France et de la British Library ! Ce coffret toilé des « Contes » illustrés Citadelles & Mazenod est le cadeau idéal pour se cultiver en rêvant à tout âge.
Pierre Cardin, de Jean-Pascal Hesse, éditions Assouline, 260 pages, 195€
Jean-Pascal Hesse signe l’un des plus beaux livres de mode du moment, sobrement intitulé : « Pierre Cardin » aux éditions Assouline. Déjà à l’origine de plusieurs livres majeurs sur la vie et l’œuvre du grand couturier Pierre Cardin, et auteur d’un somptueux ouvrage illustré « Sade. L’amant des Lumières » (également publié aux éditions Assouline), Jean-Pascal Hesse nous convie, en images, à un formidable retour sur 70 ans de carrière visionnaire du légendaire créateur. Un citoyen du monde, à l’énergie et à l’appétit d’entreprendre vivaces, qui file, au long des pages, comme un train dans une nuit étoilée. Le parcours de Pierre Cardin est en effet hors-normes. Par sa longévité, d’abord. Par son caractère moderne et radical ensuite. Pierre Cardin fait de son talent à habiller son époque, un emblème. Un don pour le style qui rend ses créations reconnaissables partout sur le globe, encore aujourd’hui. Son sens du commerce, de la communication, Pierre Cardin les met au service de son art, très tôt. Entouré d’équipes talentueuses, instinctif jusqu’au bout, l’homme parle de lui-même à travers son héritage, dans un livre merveilleusement documenté qui témoigne de l’incroyable diversité de « la patte » Cardin…
Sa vision de la mode, Pierre Cardin la combine avec son amour pour tout ce qui est expérimental. Une robe se porte, mais elle peut aussi être abstraite ! Ce livre est encore un objet d’art. Nourrie de photos d’archives et d’images fascinantes, des années 1950 à nos jours, cette anthologie dresse le portrait intérieur d’un artisan de tous les jours, avec, on les devine, ses doutes, ses hésitations, ses fulgurances. Si beaucoup a déjà été dit sur le couturier, cette nouvelle parution touche à l’exhaustivité sur l’artiste et designer, l’un des créateurs conceptuels les plus inventifs du 20e siècle. Feuilleter « Pierre Cardin », c’est se plaire à rêver à un futur ouvrage, celui de l’homme Pierre, derrière la machine Cardin. Un univers évolutif qui n’a pas fini de passionner, en quête perpétuelle d’une nouvelle forme d’expression !
Dior par Yves Saint Laurent, éditions Assouline, 300 pages, 195€
Après « Dior par Christian Dior », (premier tome d’une série de livres qui en comptera sept, tous à paraître chez Assouline, un pour chaque Directeur artistique de la marque), « Dior par Yves Saint Laurent » explore les deux années de création d’Yves Saint Laurent à la tête des ateliers de la célèbre maison de couture parisienne. De ses débuts, pour la présentation printemps-été 1958, à sa dernière collection de l’automne-hiver 1960, deux années intenses, faites de traits de génie et de coups de théâtre, sur les traces du maître Christian Dior, ce géant de l’avenue Montaigne.
Ce beau livre, 2e de la collection, s’accompagne des photographies originales et inédites de Laziz Hamani, superbement reproduites dans de somptueuses images qui donnent vie à des trésors d’archives, dont la fameuse silhouette « trapèze » de 1958 ! Journaliste de mode, Laurence Benaïm a sélectionné 30 pièces emblématiques du style « Dior par Yves Saint Laurent » qu’elle commente. Ce nouveau titre comprend également des anecdotes et détails instructifs, qui éclairent d’un jour différent l’influence du passage de Saint Laurent et son impact, in fine, dans l’évolution créative du futur de la marque Christian Dior.
Just Kids illustré par 60 photographies dont des polaroïds de Robert Mapplethorpe, de Patti Smith, éditions Gallimard, 352 pages, 35€
Les éditions Gallimard ont eu la bonne idée de ressortir, en édition intégrale illustrée et augmentée d’archives inédites fournies par l’auteur, « Just Kids » (2010), autobiographie romancée de la vie de Patti Smith, récompensée du prestigieux National Book Award. Particulièrement, le livre s’attache revivre le passionnant segment de sa rencontre, un été, avec celui qui n’est pas encore le mythique photographe promis aux nues de la postérité : Robert Mapplethorpe, l’amour humain et artistique de sa vie. Née à Chicago en 1946 dans un foyer modeste, Patti Smith part pour New York l’année 1967. Là, elle fait la connaissance de personnages venus, comme elle, d’horizons trop étroits, en quête d’une vie à écrire, d’un destin à brûler. Des artistes, des « zonards », des poètes, avec qui elle traîne, sort dans les clubs, accompagne aux lectures et aux expos de ce New York des 60’s, interlope, underground, et fascinant. Aspirant photographe, bisexuel aimant le corps des hommes, Robert Mapplethorpe est l’un d’eux. Il emménage avec elle au Chelsea Hotel, ils ne vont plus se quitter durant une décennie.
Il exsude de « Just Kids » l’intense nostalgie pour une époque révolue. C’est pourtant un objet étonnant : c’est d’abord un « vrai » livre, dans le plus noble sens d’un mot désormais galvaudé, généreux, littéraire, foisonnant, qui se dévore comme un récit d’aventures formateur, de jeunesse, profond et troublant. Une soixantaine de photographies inédites ont été ajoutées à l’ouvrage, dont des polaroïds de Robert Mapplethorpe, essais et premières créations révélateurs d’un style, d’obsessions intimes. « Just Kids », version 2017, est un souvenir rêvé en noir et blanc, sûrement l’un des plus touchants (et des mieux écrits) romans autobiographiques parus à ce jour.
Roue libre, de Pierre Alechinsky, éditions Gallimard, 192 pages, 24,50€
A la question : « Expliquez-moi votre peinture ! », je lance : « Si je pouvais le dire, je ne le peindrais pas. »
Cette réflexion de Pierre Alechinsky témoigne assez bien de l’entreprise, comme de l’inspiration de l’artiste. Une vie de peintre donc, passée à penser sa toile comme un livre, où chaque coup de pinceau dessine des boucles de mots, bribes de pages arrachées à la couleur, à moins que ce ne soit l’inverse ! Les éditions Gallimard publient « Roue libre », une nouvelle édition de son livre, sorti voici 45 ans, et initialement publié chez Skira. Histoire de comprendre que l’écriture, comme la peinture, ça ne rentre pas dans des cases !
Pierre Alechinski a souhaité reprendre son livre, « Roue libre », là où il l’avait (dé)laissé… 200 illustrations (re)couvrent cette fois son œuvre écrite. L’artiste a entremêlé à son texte, ses propres œuvres, ça tombe sous le sens, mais aussi celles d’autres « vagabonds », comme lui, en roue libre : Max Ernst, Christian Dotrement, Asgen Jorn, Giacometti, etc. Une parution ludique dans laquelle la roue tourne, et la boucle se boucle…
Istanbul. Souvenirs d’une ville, d’Orhan Pamuk, éditions Gallimard, 536 pages, 35€
A mi-chemin entre le carnet de voyage exotique et le récit/confession familial autobiographique, « Istanbul. Souvenirs d’une ville » revient dans une belle édition intégrale illustrée aux éditions Gallimard. Prix Nobel de littérature en 2006, Orhan Pamuk a publié pour la première fois ce récit d’enfance, évocation sentimentale de sa famille en forme d’album libre l’année suivante, en 2007. Réflexion mélancolique qui noue le destin d’une cellule familiale, dont tous les membres vivent dans le même immeuble, à la chute, la ruine, l’usure et le délitement, la perte des repères passés dans une cité stambouliote vouée à l’éternel entre-deux d’un passé trop présent pour vivre un futur prometteur.
Le passé, l’Histoire, sont au cœur des romans de l’écrivain. Déjà généreusement doté de 200 photographies en 2007, ce beau livre s’augmente, en plus d’une nouvelle introduction par l’auteur, de quelque 230 images supplémentaires pour un format agrandi. Autant d’illustrations photographiques de cette ville-roman, source d’inspiration du jeune Orhan Pamuk, et issues de ses propres archives privées, qui confèrent à cette édition ultime d’« Istanbul. Souvenirs d’une ville » un parfum d’intimité.
Alberto Giacometti, de Catherine Grenier, éditions Flammarion, 384 pages, 25€
Les meilleures biographies font aussi de bons romans. Celle de Catherine Grenier, Directrice de la fondation Giacometti, ne déroge pas à cette règle d’excellence. Son livre illustré « Alberto Giacometti », sorti aux éditions Flammarion, offre un regard chronologique sur la vie et l’œuvre du célèbre sculpteur, dans une plume vive qui révèle son sujet.
Artiste majeur du 20e siècle, celui qui a passé son enfance au sein de l’atelier de son père en Suisse, puis ses années de formation artistique dans les pas d’Antoine Bourdelle, tranche d’avec les courants surréalistes dans lesquels l’amitié d’André Breton le plonge un temps, pour s’acheminer vers une voie sèche, solitaire, où le singulier de son expression rencontre la part du rêve que chaque créateur (se) cache en lui-même… Une trentaine d’illustrations occupent le folio central du livre. Cette publication est à l’image de son sujet, qui nous parle d’art et de grandeur, sans taille ni mesure.
Zao Wou-Ki, de Dominique de Villepin, éditions Flammarion, 400 pages, 50€
Pour les amateurs du peintre d’origine chinoise, cette monographie de Zao Wou-Ki signée Dominique de Villepin fait déjà partie des ouvrages de référence. Les éditions Flammarion publient une édition mise à jour, revue et augmentée de ce succès de librairie. L’ensemble de l’œuvre de l’artiste, né à Pékin en 1921, est réuni dans ce beau livre suivant l’ordre chronologique. Peintures, aquarelles, et photographies personnelles illustrent la biographie de celui qui a mêlé sa sensibilité asiatique à l’héritage de ses maîtres occidentaux.
Conscient de l’ampleur du travail à présenter, l’éditeur a ici remis à jour sa copie. Ce sont ainsi pas moins de 350 illustrations, dont 90 tableaux superbement reproduits pour la première fois qui ornent le présent volume, ainsi qu’un cahier supplémentaire de huit pages. De quoi réjouir les amoureux de Zao Wou-Ki, et faire succomber les autres.