Première Nuit
Toutes les couleurs du Noir s’étaient données rendez-vous au défilé Julien Fournié. Pour l’hiver prochain, le couturier, membre invité du calendrier officiel, s’est approprié les reflets de la nuit comme une seconde peau. Couture par excellence, le noir chez Julien Fournié prend des allures de sacré, il découpe et structure la silhouette. Troublantes, les pièces de la collection oscillaient entre tailleur et flou, démontrant la virtuosité des broderies et l’expertise de la coupe des ateliers de la Maison.
Les premiers looks faisaient la part belle à une certaine idée du luxe que l’on pourrait aussi bien porter de jour. Le soleil noir est alors au plus haut, ses rayons s’incarnent dans des tenues de cocktail ou de petit soir portées par des belles de jour. La nuit tombe au fil des passages. Premier choc : ces vestes tailleur sans faute façon queue de pie. Puis vient le glamour des grandes robes de bal démesurées, ou de ces fourreaux brodés de sequins sombres incandescents à la brillance ténue et maîtrisée de main d’orfèvre.
Les filles, coiffées par Neville, feraient tourner la tête à un saint ! La touche high-tech vient des souliers, fruits de la collaboration entre Julien Fournié et Dassault Systèmes Fashion Lab. Les sautoirs apportent une touche encore plus précieuse et Couture, tel ce modèle de jais sur une robe rose shocking rebrodée aux épaules et longue traîne noire…
Julien Fournié est un poète dans l’habit du couturier. Sa collection a l’émotion de la première nuit et me rappelle les premiers vers des Nuits Partagées, de Paul Eluard : « …je revois toujours la chambre où je venais rompre avec toi le pain de nos désirs, je revois toujours ta pâleur dévêtue qui, le matin, fait corps avec les étoiles qui disparaissent… »
(Julien Fournié, http://julienfournie.com/ ; tous visuels copyright Stéphane Chemin)