La manufacture Bernardaud se tourne désormais vers des domaines variés, tels les objets de décoration d’intérieur, les luminaires, les bijoux et d’autres applications inattendues… A l’heure où la créativité fait respirer la porcelaine, l’imagination liée à « l’or blanc » semble ne connaître aucune limite pour le futur. La Fondation d’entreprise Bernardaud prolonge la création en présentant chaque année une thématique artistique afin de promouvoir la céramique. Visible jusqu’au 30 Mars 2019 à Limoges, l’exposition « Sans les mains ! » présente les travaux d’artistes internationaux utilisant des outils numériques pour concevoir de vraies œuvres d’art. Mais d’abord…

Un peu d’histoire…

Début du 18e siècle. Deux scientifiques allemands de la manufacture de Meissen découvrent la formule secrète de la porcelaine chinoise en composant un mélange de kaolin (argile blanche), de feldspath et de quartz. Au cours de l’année 1768, un gisement de kaolin est mis à jour à Saint-Yrieix-la-Perche, dans le Limousin. Dix années plus tard, la faïencerie de Limoges se met à produire ses premières pièces de porcelaine. Un siècle plus tard, la révolution industrielle la consacre capitale de la porcelaine française. En 1863, Rémy Delinières fonde sa propre manufacture, il emploie alors Léonard Bernardaud qui deviendra son associé en 1895. Année 1900. Le talentueux Léonard rachète la société et révolutionne l’art des arts de la table en démocratisant leur style, mettant fin aux intermédiaires auprès de sa clientèle américaine et ouvrant ses premiers bureaux à New York, alors « City of the World ». L’entreprise se transmet de père en fils, chaque génération œuvrant à moderniser le métier, et augmentant les capacités de production tout en gardant les fondamentaux pour élaborer une porcelaine haut de gamme.

La manufacture remet le couvert

L’atelier du blanc a été délocalisé en 1979 à Oradour-sur-Glane, à vingt kilomètres de Limoges. C’est à cet endroit où l’on concasse et mélange les ingrédients de base, à présent le kaolin provient d’Australie. Une presse isostatique emboutit des assiettes avec une pression de dix tonnes dans un bruit assourdissant sous le contrôle d’un artisan qui ne laisse passer aucun défaut. Ici, on parle d’intelligence de la main, de contact direct avec la matière, où le toucher sensible révèle toute imperfection avant la cuisson d’un élément, la main contrôle la fusion des pièces et fait corps avec celles-ci tout au long de la fabrication jusqu’au produit final. L’élaboration d’un objet d’apparence simple, par exemple une tasse, demande l’intervention de plusieurs personnes, qui, chacune, maîtrise sa spécialité. La ruche qu’est une manufacture est d’ailleurs un long processus de travail d’équipe. L’automatisation a des limites, la machine ne dispose pas encore d’une intelligence artificielle : couler une barbotine dans un moule en plâtre jusqu’au démoulage requiert un savoir-faire et une intervention humaine, la pose de anses permettant de fusionner deux éléments ne pouvant être réalisée que par une main habile…

Plus loin, un artisan plonge un plat dans un bain d’email, puis le sort en le faisant tourner à l’horizontal d’un geste large afin de répartir le liquide pâle. Une fois que les pièces ont pris forme, toutes passent par la cuisson dans d’énormes fours tunnels fonctionnant au gaz et permettant une amélioration de la qualité. Après 24 heures cuites à plus de 1200°C pour obtenir la blancheur et la solidité de la porcelaine, les pièces subissent encore des tests avec l’étape du « choisissage », qui consiste à vérifier la qualité des pièces une par une et à déceler toute imperfection (taches, fêlures). Mais, au final, la porcelaine doit sonner juste à l’oreille… 25% de la production est écartée ! Les déchets cuits sont recyclés en étant enrobés dans du bitume utilisé pour le revêtement des routes. Sous les phares des véhicules, la porcelaine transformée offre un apport lumineux sécurisant pour les automobilistes.

Pixels et porcelaine

Après l’atelier du blanc, changement de lieu non loin du centre-ville de Limoges : direction la manufacture historique. C’est ici que l’on élabore dans le plus grand secret les futures collections via le studio de recherche et développement où se côtoient ingénieurs, designers et artistes. Le futur de la production de la porcelaine est élaboré par des graphistes via des logiciels 3D. Bernardaud ne cesse d’utiliser les outils de son temps et comprend les enjeux du numérique en alliant technique et créativité. La recherche de la couleur parfaite demande des exigences poussées, trouver l’exactitude des nuances d’une peinture nécessite d’utiliser la quadrichromie en utilisant la sérigraphie (qui est un procédé de reproduction en couleurs par impressions successives), la société dispose de sa propre imprimerie pour plus d’indépendance et de contrôle, etc.

L’étage du bâtiment est dédié à l’application des décorations des pièces. Des artisans posent minutieusement les décors sérigraphiés comme des décalcomanies à la pince tout en chassant les bulles d’air, d’autres peignent à main levée filets et garnitures des zones qui seront mises en valeur avec une dextérité déconcertante. L’autre technique de décoration est celle de l’incrustation qui est un procédé par gravure à l’acide qui ronge l’émail qui est ensuite décoré par couches d’or ou de platine. Toutes les pièces ayant reçues une décoration subissent ensuite une seconde cuisson afin de fixer celle-ci.

Bernardaud imagine un art de la table lumineux et créatif. De quoi trouver ses meilleurs ambassadeurs auprès de l’hôtellerie et de la restauration d’exception pour sublimer des plats à la pointe de la nouveauté. Ainsi, l’entreprise propose un service sur-mesure afin de personnaliser et de satisfaire les attentes les plus exigeantes de la clientèle.

En effet, face à la concurrence asiatique, la direction a choisi de diversifier sa production dans le domaine d’objets décoratifs (vases, coupes, plateaux…), lampes, mais encore lithophanies et bijoux. Tout dernièrement, la maison française a développé des carreaux de porcelaine pour orner le palais de justice de la ville de Limoges : ce matériau s’avère plus solide que le béton, tout en offrant une résistance certaine aux aléas de la météo. Un projet de packaging pour la cosmétique vient de voir le jour avec un pot en porcelaine pouvant recevoir une recharge de crème. Une diversification vers des territoires inexplorés. De manière plus inattendue et s’éloignant de la production classique d’assiettes ou de services à thé, la firme s’est récemment lancée dans la conception d’une céramique composite de blindage, qui serait utilisée pour la protection de véhicules ainsi que pour des gilets pare-balles !

L’Art comme moteur du dépassement

Depuis 1947, le porcelainier accueille en sa maison des artistes de renom, tels Kees van Dongen, César, Chagall, etc., pour signer des services de table. Le designer industriel Raymond Loewy est appelé, en 1967, à réveiller l’univers endormi de la belle porcelaine. Il imagine un service géométrique blanc, uni aux formes ronde, ovale et angulaire. Une révolution ! La collaboration avec les designers n’a cessé depuis : les frères Campana, Olivier Gagnère, Andrea Branzi… Pour l’anniversaire des 150 ans de sa manufacture, Bernardaud donne carte blanche à 12 artistes contemporains pour dessiner une série d’assiettes : Sarkis, Jeff Koons, Sophie Calle, David Lynch, JR, etc.

En 2018, la famille Miró a passé la commande d’un service de 100 pièces édité à 100 exemplaires à partir de dessins originaux extraits du livre « Parler seul » qui invite à partager un repas empli de gaité. L’attrait des artistes pour la porcelaine réside dans l’éternité. Car cette matière, certes fragile, reste inaltérable dans le temps. Toutes ces collaborations demandent à remettre en cause le mode de fabrication par rapport aux formes et aux décors. Il faut sans cesse chercher à se réinventer, trouver des solutions techniques, l’imagination fertile des artistes pousse les artisans à se dépasser comme à réinventer leur savoir-faire existant.

A la table de demain

Pour aller au-delà de la porcelaine, la Fondation d’entreprise Bernardaud a pour mission de valoriser la céramique contemporaine dans tous ses états. « Sans les mains », la dernière exposition en date, révèle une nouvelle façon de concevoir les œuvres d’art via les outils technologiques omniprésents que sont les ordinateurs, les logiciels et les imprimantes 3D. Cette assistance numérique repousse la dernière limite, en permettant aux artistes de générer des pièces impossibles à réaliser manuellement. A travers les objets exposés, le côté « tech » n’est pourtant pas seul mis en avant. Les œuvres parlent d’elles-mêmes. De fait, peu importe comment elles sont produites, du moment qu’elles continuent de susciter l’émotion et interpellent les sens du visiteur.

Pour plus de renseignements, visitez https://www.bernardaud.com/fr/la-fondation

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