A Stoneywood, on fait du papier depuis 1770. La petite usine historique Alex Pirie qui surplombait le fleuve Don a laissé la place à l’entreprise papetière Arjowiggins Creative Papers, division florissante de l’un des leaders mondiaux du secteur. La visite d’un tel site fait rimer confidentialité avec sécurité, où tout est bigger than life. Les machines font le gabarit de mastodontes, les entrepôts font la taille d’un terrain de football et les salles de pilotage égrenées le long du parcours disposent de plus de boutons qu’à Cap Canaveral. Pourtant, dans cette fourmilière fumante où le papier file à la vitesse d’un TGV, l’homme est indispensable et omniprésent.

 

Paper Boys

Angus MacSween, Directeur général du moulin de Stoneywood le déclare : « Notre objectif est de réaliser les papiers fins et de sécurité les plus qualitatifs du marché. Or, la qualité premium de nos papiers repose sur l’œil et le contrôle de l’homme à chaque étape de la production. » Quelques chiffres : à l’échelle mondiale, Arjowiggins représente 22 sites de production employant un peu plus de 5 200 personnes et produisant 1,1 millions de tonne de papier par an. Présente sur les marchés des papiers créatifs, de sécurité (billets de banque, passeports, cartes d’identité, etc.), médicaux, graphiques ou recyclés, cette énorme entreprise aux ramifications complexes vend dans plus de 120 pays. Ses plus gros clients résident dans l’Europe de l’ouest et du nord (42%) sans parler de la France (14%) et de la Grande-Bretagne (20%). Un géant de la production papetière donc. Au cœur de ces chiffres, la division Ajowiggins Creative Papers, branche responsable des papiers fins.

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Sur les 5 sites de production en France, Espagne et Grande-Bretagne, l’usine de Stoneywood en Ecosse fait figure de modèle : historicité, rendement et sécurité. Et l’essentiel : son produit. Une manufacture semi-automatisée composée d’une force vive de 440 employés et divisée en 2 pôles opérationnels : Stoneywood et Waterton. Avec une capacité de production de 45 000 tonnes de papier à la sortie, la bonne marche de ce moulin du 21e siècle doit tout à l’expérience et aux compétences spécifiques de ses hommes, sans qui la plus performante des machines resterait muette.

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Mais comment fabrique-t-on le papier d’une carte de visite, d’un bristol ou d’un dépliant haut de gamme ? En résumé, tout commence par la matière brute ou pulp. Une sorte de soupe de bois, d’eau et d’additifs progressivement asséchée et raffinée. Une pâte dure puis tufteuse, rendue malléable et « allongée » par des passages successifs en tapis roulant sous presses et rouleaux de dimensions et de poids variables. En fin de cycle, des cylindres séchants achèvent de rendre les rames de papier souples, malléables et surtout, scripturales. En un mot : utiles. Charge après aux clients (marques, designers, institutions…) de plier, découper ou encrer le papier selon leurs envies et besoins marketings.

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Créativité et performance

Entre défis, contraintes et rendement journaliers pour faire naître un papier avec une âme, les équipes de Stoneywood font face à un autre challenge. Avec l’irruption et l’installation du tout numérique dans les budgets communication des entreprises, jadis clients finaux privilégiés des professionnels, vendre du papier passe de plus en plus par une sensibilisation nouvelle et une « éducation » de cette clientèle exigeante, désormais plus habituée à poster sur Instagram ou Twitter pour toucher le maximum d’utilisateurs. La question mérite en effet d’être posée : que gagne-t-on désormais à payer un papier de luxe (coûts recherche et développement, élaboration, fabrication, main d’œuvre…) quand le Net et les réseaux sociaux permettent instantanément de sensibiliser à un produit ou un événement des millions de gens connectés entre eux ?

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Christophe Balaresque, Directeur commercial des branches luxe et créative et Directeur du marketing chez Arjowiggins Creative Papers y répond : « Le papier, pour une marque ou une structure avec des exigences créatives, lui sert à envoyer un message clair au destinataire. Un beau papier, une belle carte, une invitation particulière, ça signifie « vous comptez pour nous ». Les professionnels des marques de luxe l’ont bien compris. C’est naturel, inscrit dans leur ADN. Mais pour les autres, de nouvelles structures issues des pays émergents ou de jeunes décisionnaires, ce mode de communication « à l’ancienne » n’est plus une évidence. Mon job consiste donc aussi à les sensibiliser à la valeur ajoutée que communique un beau papier. »

Ironie du sort, entre un marché devenu difficile et une compétition féroce entre les leaders mondiaux du papier, se profile une créativité inouïe alliée au vaste choix des produits, lesquels ne peuvent exister que grâce à une rentabilité effective. L’histoire du serpent qui se mord la queue…

 

Choix pluriels vs Singularité

Toujours plus d’innovations, toujours plus de produits et des gammes quasi illimitées dans leur finition, leur touché et leur couleur. Les demandes extraordinaires des designers et responsables communication des marques semblent sans limites. Mais, à proposer un choix toujours plus large et exclusif sur ses luxueux papiers fins, la société Arjowiggins ne risque-t-elle pas d’atteindre un coût produit que les clients les plus exigeants seront paradoxalement rétifs à couvrir ? « C’est clair, nous devons faire comprendre à nos clients pourquoi nos papiers sont plus chers que chez untel ou untel, rappelle Christophe Balaresque. Là aussi, ça fait partie d’un education process délicat, car nos papiers sont exceptionnels et il n’est pas difficile de comprendre que, pour atteindre et maintenir ce niveau de qualité, ça a un prix. Là encore, je crois que tout est affaire d’humain, ça passe par le dialogue entre vous et moi. »

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A l’heure actuelle, les chimistes du moulin de Stoneywood sortent des cuves plus de 190 couleurs, une centaine de produits sur-mesure y sont développés chaque année et il est possible de commander le rouleau tampon qui embossera le papier choisi d’un design custom made !

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Et, dans les années à venir, pourquoi ne pas imaginer de nouvelles applications et l’ouverture sur des marchés porteurs actuellement en plein développement afin que perdure une industrie alliant patrimoine et haute technologie, savoir-faire humain et performance industrielle ? Emballages agroalimentaires de demain, technologies améliorées issues de l’imprimante 3D laser, secteurs éco-responsables demandeurs en papiers intelligents, chauffants, auto-réfléchissants…Voire carrément un papier comestible ? Ou, sur les ailes du progrès et parallèle aux prédictions visionnaires de Sergey Brin (cofondateur de Google) et Raymond Kurzweil (conseiller de Bill Gates, cofondateur de la Singularity University) un papier tactile Hi-Tech, fruit du bon vieux pulp avec les dernières avancées d’écran souple « dans un monde très proche où l’être humain aura transcendé son existence grâce à la technologie. »

(Arjowiggins Creative Papers, http://arjowigginscreativepapers.com/)

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