Jean-François Millet, semeur d’âme (1814-1875)

Né en Normandie non loin de Cherbourg dans une famille paysanne de propriétaires terriens relativement aisée, Jean-François Millet fut durant son enfance berger, puis laboureur, et fut élevé dans un milieu éclairé grâce à son oncle curé qui lui enseigna la littérature, lui fit lire la Bible, la poésie, le théâtre et les romans contemporains (Chateaubriand, Hugo…). Le jeune Jean-François avait un don pour le dessin. Encouragé par son père afin qu’il aille dans cette direction, il fut placé en apprentissage chez un peintre de Cherbourg et construisit son éducation artistique au musée Thomas Henry de la ville en copiant les maîtres hollandais et espagnols. En 1837, il obtint du conseil municipal une bourse pour qu’il puisse se former à l’école des Beaux-arts de Paris. De retour au pays deux ans plus tard, il vécut de vente de portraits auprès de la bourgeoisie locale, puis retourna à Paris où il tomba en admiration pour les œuvres de Nicolas Poussin, Michel-Ange, Eugène Delacroix et Honoré Daumier, l’apport artistique de ces nouveaux maîtres feront évoluer son style.

Vers 1860, il peint « L’homme à la houe » : un tableau qui représente un paysan qui travaille sa terre, il vit pour la terre qui nourrit sa famille. A l’époque de Millet, l’importance des terroirs dans la vie populaire se perd déjà et il nous rend cela avec une vision très directe et très poétique. Peu à peu, il va se fixer sur de grandes figures paysannes qui l’ont rendu célèbre. Ses amis peintres ainsi que la critique le qualifient de « peintre paysan », il s’applique à peindre des scènes et des paysages ruraux. Il s’installa à Barbizon, à la campagne, préférant la vie des gens reliés à la terre aux mondanités parisiennes qu’il considérait comme superficielles. Au fil de son œuvre, la place de l’homme va se réduire, comme si les hommes et les femmes étaient absorbés par cette nature au point que, dans ses derniers tableaux, ils disparaissent littéralement. Au bout du compte, seuls Art et Nature subsistent…

Jean-François Millet et l’Ecole de La Haye 

La Collection Mesdag à La Haye présente jusqu’au 5 janvier 2020 « Jean-François Millet et l’Ecole de La Haye ». On y découvre toute l’influence de l’artiste français sur les peintres formant l’Ecole de La Haye à travers une exposition unique composée d’œuvres rarement montrées au public pour des raisons de fragilité.

Jean-François Millet est considéré comme le chef de file de l’école de Barbizon. Il rejoint vers 1848 cette colonie de peintres paysagistes située dans la forêt de Fontainebleau découverte par Camille Corot. Il adhère à travailler en plein air et d’après nature. Millet commence à connaître le succès et son œuvre est reproduite puis diffusée à travers l’Europe. Henry Willem Mesdag et ses contemporains tels Josef Israël, Anton Mauve, Willem Roelofs et Matthijs Maris ont connaissance du travail lié à la ruralité du Français et adoptent des éléments du langage visuel de Millet.

« Le semeur » de Matthijs Maris d’après Jean-François Millet

Mesdag est fasciné par l’œuvre de Millet. Il va dès lors se mettre à collectionner non seulement des reproductions mais achète plusieurs dessins, pastels et tableaux de l’artiste réaliste. Les artistes hollandais voient en Millet un guide spirituel radieux qui leur indique un chemin radical à suivre. La collection élaborée par Mesdag était la plus grande collection d’œuvres de Millet aux Pays-Bas. Cette collection fut démantelée à la mort du peintre Mesdag, mais réunie à l’occasion de cette exposition en provenance de musées néerlandais et américains, elle comprend plus de 30 œuvres de Millet : peintures, pastels, croquis, estampes et œuvres inachevées.

Les artistes néerlandais s’intéressaient au processus créatif de Millet qui fut un homme du regard, un observateur né, qui sait voir. Sa mémoire est au cœur de son travail. Lorsqu’il peint des scènes paysannes, sa mémoire est en action. Il est capable de se souvenir de perceptions très anciennes : odeurs, couleurs, sons de la campagne… Il a gardé en lui de nombreux souvenirs d’enfance qu’il utilise dans son processus de création. Autant d’indices, de traces d’une personnalité singulière et sensible…

« La prière du berger » de Josef Israëls inspiré de « L’Angélus » de Jean-François Millet

La vie à la ferme était une chose qui tenait au cœur et aux tripes à Millet. Il disait à ce sujet : « les sujets paysans conviennent le mieux à mon tempérament, le côté humain est ce qui me touche le plus. » Il peignait l’intimité des scènes de vie comme, par exemple, la relation entre une mère et son enfant. Les figures humaines sont souvent représentées en train de travailler et ne semblent pas des œuvres de fiction, Millet saisit l’instant et donne un aspect intemporel à ses personnages. Les artistes de l’Ecole de La Haye se veulent plus réalistes dans le traitement des figures et leur donnent un air plus romantique.

https://www.demesdagcollectie.nl/en/more-about-the-museum/press/press-releases/jean-francois-millet-and-the-hague-school

Jean-François Millet, Semeur de l’art Moderne 

L’exposition capitale « Jean-François Millet, Semeur de l’art Moderne » qui court jusqu’au 12 janvier 2020 au Musée Van Gogh d’Amsterdam montre à quel point les graines de Millet ont germé dans les esprits des grands artistes du 19ème siècle, et au-delà du 20ème siècle. De son vivant, Millet était considéré le peintre moderne le plus célèbre du monde ! Un anticonformiste qui cherchait à s’émanciper de l’Académie et à produire des œuvres aux compositions novatrices, une touche picturale rustique voire brute, ses sujets de prédilection étaient les paysans reproduits grandeur nature desquels il partageait le quotidien, la terre nourricière et les paysages. On imagine le trouble des artistes contemporains devant Millet, découvrant de tels sujets jamais représentés auparavant. L’exposition comprend des œuvres d’artistes influencés par l’exemple de Millet, et une attention particulière est accordée à son influence majeure sur Van Gogh.

L’exposition offre au visiteur la chance de découvrir, ou plutôt redécouvrir, l’œuvre de Jean-François Millet largement oubliée par le grand public hors de France et ainsi confronter les artistes qui ont été sous son influence, parmi lesquels Edgar Degas, Camille Pissaro, Paul Cézanne, Paul Gauguin, Claude Monet, Edvard Munch, Kazimir Malevitch, et même Salvador Dalí. Doté d’une grande humanité, d’une grande humilité, Millet a peint la vie des paysans français. Il n’est guère surprenant que son art ait frappé la sensibilité du jeune Van Gogh, ce dernier connaissant la dure vie des paysans dans le Brabant néerlandais et celle des mineurs belges dans le Borinage. En février 1884, Vincent écrivait à son frère Théo : « Pour moi ce n’est pas Manet, c’est Millet le peintre essentiellement moderne à qui l’horizon s’est ouvert devant beaucoup ».

« Le semeur » de Vincent van Gogh d’après Jean-François Millet

Van Gogh qualifiait l’artiste français de « Père Millet », un père spirituel qu’il étudiait religieusement en copiant des reproductions imprimées. Il est possible ici de comparer l’œuvre originale et les copies de Van Gogh. « Le semeur » de Millet représente un paysan en train d’ensemencer un champ pour de futures récoltes, celui-ci produisit une émotion intense chez Van Gogh qui reprit cette thématique dans plusieurs de ses tableaux. Vincent aime les formes dépouillées et l’approche quasi religieuse de la terre qui donne une impression de monumentalité. Chez Millet, il retrouve des valeurs chrétiennes qu’il enseignait lorsqu’il était évangéliste auprès des mineurs du Borinage, l’humilité et la compassion s’inscrivent dans l’œuvre de Van Gogh dans le sein d’une autre religion qu’est l’Art.

Cette exposition majeure présente 128 œuvres en provenance du monde entier et a bénéficié d’une collaboration exceptionnelle entre le Musée Van Gogh d’Amsterdam et le Musée d’art de Saint-Louis aux Etats-Unis, avec le soutien précieux du musée d’Orsay qui prête les chefs-d’œuvre absolus de Millet que sont « L’Angelus » et « Les glaneuses ».

Bien que Millet ne soit jamais considéré comme aussi révolutionnaire que Courbet, cette exposition montre qu’il est un important créateur du modernisme et une influence majeure sur les artistes qui sont arrivés après lui. Millet et Van Gogh ne se sont jamais rencontrés de leur vivant. Aujourd’hui, le Musée Van Gogh corrige le tir de l’Histoire de l’Art en les réunissant de belle manière, leur permettant de dialoguer par l’entremise du regard des visiteurs. Parions que cela leur aurait fait plaisir !

https://www.vangoghmuseum.nl/en/news-and-press/press-releases/jean-francois-millet-sowing-the-seeds-of-modern-art

(« Jean-François Millet et l’Ecole de La Haye », au Mesdag Collectie à La Haye, Pays-Bas, du 13 septembre 2019 au 5 janvier 2020 ; « Jean-François Millet, Semeur de l’art Moderne », au Musée Van Gogh à Amsterdam, du 4 octobre 2019 au 12 janvier 2020,https://www.holland.com/fr/tourisme.htm ; tous visuels photos © Stéphane Chemin)

La Haye

Amsterdam

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