« Tout ce que j’ai à dire est dans la musique. Tout est là, dans mes enregistrements. » – Maria Callas
Aux yeux du grand public, la Callas sera pour toujours la diva assoluta légendaire du 20e siècle, prima donna inaccessible et idole, jusqu’à sa mort, des plus grands temples mondiaux de l’art lyrique. Une autre Maria existe pourtant. Plus tourmentée, plus mystérieuse, plus virile. Un être à la voix d’or, mais double, voire duel. En quête perpétuelle d’elle-même à travers son interprétation des rôles tragiques du répertoire opératique : Violetta Valéry de La Traviata, et la Norma…
L’échec et la mort accompagnent paradoxalement dans la roue ce destin étincelant. Adulée des foules après un départ très largement contrarié dans la vie, la cantatrice d’origine grecque (1923-1977) a-t-elle suivie sa voie ou celle que les autres voyaient pour elle ?
Par l’image, « Maria by Callas » pose une question muette après l’autre. Au lecteur d’y apporter ses réponses. L’auteur, Tom Volf, photographe et réalisateur de documentaires, a « rencontré » Maria Callas en 2013. Il raconte avoir nourri ses recherches à travers le monde d’échanges et d’entretiens inédits avec ceux qui ont, un jour ou l’autre, côtoyé la célèbre soprano, et qui lui ont confié « leur » Callas. Son beau livre, « Maria by Callas », est le fruit de cette réflexion. Surtout, chaque personnage croisé sur sa route a livré à l’auteur un trésor photographique, nourrissant son travail : des collections photographiques, pour beaucoup jamais dévoilées et vues ici pour la toute première fois, sortent ainsi de l’ombre. Certaines photos, issues même des albums personnels de la diva !
Extraits d’articles, reportages, revues de presse, photos de concerts, de soirées de gala, de voyages, à Paris, à New York, à Londres, à La Scala de Milan, sur la Riviera avec Onassis…Intime et privé se mêlent et se troublent dans ce chorus d’images au charme fatal.
Car n’est-ce pas aussi cela, « l’effet Callas », une forme brillante, mais inextricable, de fatalité ? Sous le vernis des images glacées, aux premières loges, la partition qui se joue ici ne parle pas que de succès : Maria par Callas victime de son succès, victime de ses choix amoureux, victime de la solitude, victime d’être née femme quand sa mère aurait souhaité un garçon à la mort du petit Vassilis, emporté par la méningite en 1922, l’été précédent la naissance de Maria…
Une clémence, une bienveillance et un parcours hors-normes, se dégagent de quelque 150 images fortes, à la lecture de ce livre. Peu avant son décès en janvier 2017, le chef d’orchestre Georges Prêtre, l’un des directeurs préférés de Maria Callas, a écrit la préface de l’ouvrage dans le but de parler de « sa » Maria, témoin incontournable d’une carrière au service de la musique et des œuvres d’autrui.
Un beau livre où l’on entend la musique et la voix si particulière de la Callas par l’image.
(« Maria by Callas », éditions Assouline, de Tom Volf, introduction par Nadia Stancioff, préface de Georges Prêtre, 150 ill., sortie juin 2017, 260 pages, 195€ ; tous visuels reproduits avec l’aimable autorisation de l’éditeur)