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Directeur artistique charismatique en charge des divisions femme, homme et accessoires chez Givenchy depuis 2005, Riccardo Tisci a bousculé le calendrier en ponctuant sa collection homme printemps-été 2016 de plusieurs pièces Haute-Couture, devançant ainsi d’une dizaine de jours les défilés de la semaine de la Couture parisienne. Portées par les tops du « gang » Givenchy, ces tenues du soir brillantes et arachnéennes étaient aussi là pour témoigner de l’extraordinaire savoir-faire des ateliers de la Maison Givenchy, merveilles d’artisanat d’art et de haute-façon.
Du côté de l’homme, les premières propositions pour l’été prochain ont décliné la jupe comme une seconde peau. Les codes, symboles et icônes chères au créateur sont omniprésents : croix, étoiles, tête du Christ à la couronne d’épines, imprimés doloristes et sulpiciens, chaînes et liens, sans manquer une clé oversize au cou des mannequins, façon Saint Pierre et chaussures de pèlerins. Sommes-nous au Vatican ou à Saint-Jacques de Compostelle ? Plutôt dans une galaxie lointaine, très lointaine qui mixe les influences religieuses et les attributs païens sans complexe ni tabou. L’homme Givenchy est un homme jeune fait de chair. Pour lui, Riccardo Tisci a voulu une silhouette qui dégaine, du noir au blanc en passant par une palette bleue. L’ensemble dégage une énergie urbaine. Le pouvoir d’attraction de certaines tenues sort du cadre d’un défilé de mode. Un look pull-pantalon-manteau long taillé dans le noir des églises, la petite croix du curé au revers, nous rappelle que la mode est aussi une grande messe. Naomi Campbell, l’amie de toujours, passe en veste rayée brodée de sequins comme une étoile filante dans le ciel astral. Givenchy, griffe du péché ?
(Givenchy, http://www.givenchy.com/fr/ ; tous visuels copyright Stéphane Chemin)