Anticonformiste
Sicilien né en 1940, Gino aurait voulu faire des études classiques, mais son père n’avait pas les moyens financiers. Il rejoint alors par esprit de révolte le parti communiste italien, puis dévora les écrits philosophiques (Platon, Socrate) qui lui permirent de penser et de raisonner le monde, il aboutit avec les théoriciens de la révolution (Marx, Engels et Lénine) à une compréhension personnelle de l’humanité. Il fait carrière comme ingénieur, mais sa rencontre avec l’artiste Sergio Dangelo sera un tournant dans sa vie, qui l’initiera au monde de l’art… Le mouvement littéraire et artistique Futuriste, qui exalte le monde moderne, déterminera chez lui toute sa curiosité pour l’art. Dans l’exposition, on retrouve les manifestes futuristes qu’il considère comme la forme la plus radicale, empreint de la rébellion de cette avant-garde qui donne vie à un nouveau langage linguistique et plastique via un processus progressiste et expérimental.
Liberté et Amitiés
L’exploration de l’art selon Gino Di Maggio se fait au contact des artistes, rien de tel pour comprendre leur travail : « J’ai toujours été très déterminé à suivre ou à poursuivre des situations, des expériences qui sont apparues et qui se sont avérées dans le temps hors champ. Avec les artistes, pour certains trajets, j’ai marché à leurs côtés, en scrutant de près le processus créatif. Ce fut un grand privilège. Ce qui est resté ici n’est que partiellement documenté et me donne l’occasion de rendre hommage à ces extraordinaires amis à qui je dois bien plus qu’une collection. »
La créativité est un domaine de liberté, autrement dit une expérience qui n’intègre pas le politiquement correct. Choisir de vivre l’art permet de réaliser sa vie plus intensément. Gino reste persuadé que l’art doit être vivant et que l’essentiel, son idéal, reste l’expérience de l’œuvre en train d’être conçue, le moment où se produit le partage. Le destin l’amène à croiser la route d’artistes, d’écrivains ou de musiciens qui deviendront des amis, tels George Brecht, John Cage, Yoko Ono, Nam June Paik, Arman, César, Lee Ufan, Ben Vauthier, Daniel Spoerri, Piero Manzoni, Wolf Vostell, Cy Twombly,… bien plus qu’un collectionneur d’art, Gino collectionne les amitiés qui développeront son intériorité au fil des ans.
Aventure avant-gardiste
Depuis l’éclosion de son intérêt pour les arts pêle-mêle, Gino Di Maggio s’est intéressé de près aux artistes avant-gardistes qui entreprennent des actions nouvelles ou expérimentales. Ce qui l’intéresse dans le mouvement du Futurisme, ou chez Marcel Duchamp, c’est la révolution intellectuelle dont l’intention est de repenser, voire de révolutionner l’art, à travers de nouveaux concepts.
Ainsi à Toulouse, la grande nef des Abattoirs est transformée en salle de concert Fluxus où sont présentés des pianos revus et corrigés par une pléiade d’artistes qui proposent un art total réunissant de multiples langages artistiques, amenant l’idée d’une identité entre l’art et la vie. Ce mouvement a la volonté d’abolir le fossé entre l’art et la vie. Cette exposition vivifiante réunit bien plus que des œuvres exceptionnelles, elle raconte l’histoire de toute une vie !
Comme l’écrit sur une toile son ami Ben, c’est un manifeste « pour une autre façon de vivre » avec l’art et les artistes.
(« Viva Gino ! Une vie dans l’art », Les Abattoirs / Musée – FRAC Occitanie Toulouse, du 28 février au 15 novembre 2020, http://www.lesabattoirs.org/ ; tous visuels photos © Stéphane Chemin)