Rendez-vous avec la grâce
Franck Sorbier, grand couturier et Maître d’art depuis 2010, rendait un vibrant hommage à son ami à plumes, mascotte et fidèle compagnon de près de 14 ans, une perruche nommée Pirate. Avec un nom prédestiné, sorbier des oiseaux ou des oiseleurs, le couturier à l’inspiration plus poétique que jamais a présenté un défilé hors du temps, à rebours des fashion shows commerciaux.
Les mannequins faisaient leur entrée sous une pluie de bulles de savon chutant du plafond puis dans un nuage de brume. La femme Franck Sorbier pour le printemps été 2015 est une créature sublime et éthérée. Sombre et fatale dans un fourreau de deuil en raphia et rubans noirs, la première silhouette de la collection a lancé ce défilé où la vie et les couleurs gagnent sur les ténèbres.
La mode de Franck Sorbier est pure. Peau et visage restent au naturel, le make up s’efface sous les branches des coiffures. En backstage, l’hair stylist a sculpté des nids échevelés qui nous plongent dans un conte de fées. A chacune de ses collections, Franck Sorbier découpe et sculpte l’organza de soie. Compressé, comprimé, le tissu se pare des attributs du règne sauvage : feuilles, pétales, houppettes volatiles et dramatiques. Les robes bustier courtes sont déclinées dans des couleurs acidulées, un dos nu en mousseline imprimée se noue en pompons, la transparence s’incarne sur une longue robe floue qui suggère les fesses, avant de disparaître.
La mariée, panty de dentelle immaculée et minirobe de poupée brodée clôt la présentation. C’est la fiancée du Pirate. Elle sourit sous son diadème. Franck Sorbier est un enchanteur.
(Franck Sorbier, http://www.francksorbier.com/ ; tous visuels copyright Stéphane Chemin)